Post de Serge Zaka

Mardi matin sera la journée la plus à risque de cet épisode de gel avec des pertes potentielles localement modérées mais avec de nombreuses incertitudes sur la couverture nuageuse. Le risque de gel déclinera ensuite en reculant vers l'Est (jusqu'à vendredi). Les températures ne seront pas homogène. Il s'agit d'un gel radiatif avec l'activation de nombreux microclimats sur nos terroirs. Cette cartographie est réalisée pour les végétaux ayant dépassés leur floraison. Les pertes seront moindres pour ceux dont la floraison n'est pas terminée.

Comme prévu, le gel est présent ce matin en France. La matinée la plus compliquée reste mardi matin : le gel s'étendra vers l'Ouest et le Sud-Ouest. Il pourrait faire fréquemment entre 0 et -2°C voire plus bas dans les coins les plus exposés. Nos voisins allemands, suisses, tchèques et polonais ne sont pas épargnés avec des très fortes pertes à craindre en Allemagne.

Les matinées les plus difficiles de cet épisode de gel agricole seront lundi, mardi et mercredi avec de nombreuses incertitudes sur la couverture nuageuse. Il faudra être particulièrement vigilant du Massif Central au Nord-Est mais également sur l'ensemble des parcelles les plus gélives (i.e. trous à froid). Sur les trois jours, le cumul de perte pourrait atteindre les 100% sur les régions les plus exposées (i.e. les plus froides avec un développement végétal avancé). Cette cartographie est réalisée pour les végétaux ayant dépassés leur floraison. La perte seront moindre pour ceux dont la floraison n'est pas terminée.

La couverture nuageuse nous a protégé du gel la nuit dernière. Ce soir, ce n'est pas le cas sur de nombreuses régions et notamment dans le Limousin. Les pommes de l'AOC Pomme du Limousin ont subi 25 à 28°C la semaine dernière (carte de droite) ce qui a très fortement accéléré leur développement. Cette nuit, il est probable qu'on passe localement en dessous des -2°C. Au stade "chute de pétales" (2 semaines d'avance), la sensibilité est de -1.8°C. Il devrait commencer à geler au sol d'ici minuit (carte de gauche).

Je vous donne rendez-vous demain à 19h à Versailles pour un échange avec Mme Labbouz, psychologue sociale et environnementale, et Mr Diarra, candidat écologiste aux élections européennes. Nous allons aborder des sujets d'interets : - Constats et solutions sur l'agroclimatologie (gel tardif, réserves en eau, génétiques variétales, nouvelles filières, conservations des sols, gestions des paysages etc.) - Pourquoi ces solutions, connues, ont du mal à être mises en place ? - Quelles sont les leviers politiques ? N'hésitez pas à partager si vous êtes du coin ;) !

Dimanche et lundi, si le ciel se dégage et le vent tombe, le potentiel gélif est très important en Europe Centrale. Tous les vergers d'Allemagne, de Pologne, de République Tchèque, d'Autriche sont soumis à un risque de pertes totales de rendement. Ces vergers subissent des records de chaleur depuis des semaines. Résultat ? Ils ont un mois d'avance sur leur développement et leur sensibilité au gel a été décuplée. Ce type de gel est classique en avril. Il n'y aura surement pas (ou peu) de records de froid. La problématique n'est pas le gel mais la douceur hivernale et printanière.

Nos arboriculteurs & viticulteurs auront besoin de soutien. Dès cette nuit & pendant 10 jours, le risque de gel sera présent sur une végétation très avancée (sensible dès -0.5°C !). Selon nébulosité, vent & phénologie, il existe un risque non nul de perte totale de récolte (notamment à partir de dimanche). Ce gel étant multifactoriel, il est très difficile d'anticiper sa survenue. Deux cas de figure : ➡️Perte totale de récolte pour les nuits sans vent et dégagée sur les végétaux ayant dépassés la floraison (et donc sensible dès -1 à -0.5°C). Ce risque est présent à partir de dimanche. Les températures pourraient s'abaisser en dessous de -2°C (parfois plusieurs nuits de suite). ➡️Perte nulle pour les nuits plus couvertes pour les végétaux en floraison à perte faible pour les végétaux post-floraison. Ce risque est privilégié pour jeudi et vendredi matin. Les vins du Beaujolais, de Champagne, de Bourgogne, mais également l'arboriculture du Limousin, des contreforts Ouest du Massif Central et de toutes les zones d'altitude sont actuellement particulièrement à risque (cette semaine). Il est impossible de donner plus de détails pour la semaine suivante.