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Négociations commerciales : « Egalim n'a pas atteint ses objectifs » selon le patron d'Intermarché

Le président du Groupement Les Mousquetaires, Didier Duhaupand, estime que les filières agricoles ne se sont pas emparées de la nouvelle loi et que les industriels ne jouent pas le jeu de la transparence. D'accord pour bien rémunérer les agriculteurs, il annonce que son enseigne phare cherchera néanmoins à être la moins chère du marché.

Après une progression à deux chiffres en 2020, les ventes d'Intermarché sont restées stables en 2021.
Après une progression à deux chiffres en 2020, les ventes d'Intermarché sont restées stables en 2021. (Eric Herchaft/Reporters-REA)

Par Philippe Bertrand

Publié le 28 mars 2022 à 12:17Mis à jour le 28 mars 2022 à 17:31

Intermarché se porte bien, tellement bien que les dirigeants du réseau de supermarchés indépendants n'ont pas crié sur les toits qu'en 2020 leurs ventes avaient explosé de 10 %. En 2021, ils ont consolidé cet acquis avec une progression de 0,4 % des ventes à 26 milliards d'euros (hors carburants). L'enseigne a encore haussé d'un point sa part de marché en France, à 16 %.

C'est donc sans acrimonie que Didier Duhaupand, le président du Groupement Les Mousquetaires, la structure de tête qui chapeaute Intermarché, mais aussi Bricomarché et les centres auto Roady, porte un regard critique sur la loi Egalim.

L'oeuf et la poule

« Egalim est passé à côté de ses objectifs », explique le patron installé dans le Nord et dont plusieurs membres de la famille sont agriculteurs. « Les Etats généraux de l'agriculture qui ont précédé Egalim mettaient l'accent sur la nécessité pour les filières agricoles de s'organiser afin de peser dans les négociations commerciales, de calculer leurs coûts de production. Cela n'a pas été le cas pour beaucoup de filières », estime-t-il, tout en approuvant la nécessité de rémunérer correctement des agriculteurs.

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« Dans la viande de boeuf, il y a encore beaucoup d'interlocuteurs. Je trouve idiot qu'il existe une interprofession pour les poules et une autre pour les oeufs », argumente-t-il. Pour résumer son point de vue : les agriculteurs ne se sont pas assez emparés de la loi et de son complément Egalim 2.

Le coopérateur constate aussi que la plupart de ses fournisseurs ont opté pour l'« option 3 » prévue par Egalim 2 en matière de transparence sur le prix auquel ils ont acheté leurs matières premières agricoles (prix que la loi a rendu non négociables). L'option 3, c'est le recours à des tiers de confiance, des experts-comptables, par exemple, qui regardent les livres de comptes que l'industriel ne veut pas ouvrir à ses clients distributeurs.

« Le temps que les tiers de confiance se mettent en ordre de marche, les négociations commerciales étaient quasi terminées », constate Didier Duhaupand. L'instruction de l'administration aux futurs tiers de confiance s'étire sur 36 pages. Le dirigeant trouve, par ailleurs, étrange que l'on impose aux parties d'achever les négociations le 1er mars, avec des clauses de renégociation et que le gouvernement exige ensuite une réouverture des discussions en raison de la guerre en Ukraine.

« A l'évidence, nous subissons une surréglementation qui n'existe nulle part ailleurs en Europe », affirme le président des Mousquetaires. De nombreux contrats, non signés, sont passés chez le médiateur. Intermarché reconnaît notamment un problème avec Andros. Le groupement est lui-même un acteur important de l'industrie alimentaire, avec 61 usines et 4,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Pouvoir d'achat

Didier Duhaupand s'interroge également sur la loi qui impose 20 % de ventes en vrac d'ici à 2030 : « La crise du Covid a montré que les consommateurs se méfiaient du vrac en termes de sécurité sanitaire. L'emballage, c'est d'abord l'hygiène », rappelle-t-il.

Le réseau de supermarchés s'est fixé comme règle d'être « le moins cher » en 2022. Les distributeurs savent que le pouvoir d'achat est plus que jamais une priorité pour les consommateurs. Intermarché va continuer de se développer au coeur des grandes agglomérations.

De son côté, le pôle bricolage du groupement - les enseignes Bricomarché, Bricorama et Brico Cash - a tiré profit de l'engouement des Français confinés pour l'amélioration du confort de leur domicile. En 2021, les ventes ont grimpé de 7,4 %, à 4,5 milliards d'euros.

Les centres auto Roady, eux, sont repartis de l'avant, mais les confinements et le télétravail ont freiné la mobilité et impacté l'activité.

Philippe Bertrand

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